Qui est Bernard Anton alias Ben, l’auteur derrière cette compilation de textes parue aux éditions de l’Harmattan ? Avant toute chose, Monsieur Anton est un poète pluridisciplinaire. Avec ses nombreux talents, il écrit avec une plume unique qui se joue des mots. Professeur et philanthrope, ses œuvres sont généralement orientées et incarnent un message politique et social fort. Par exemple, dans ses Célébrades, il mettait à l’honneur une de ses muses : Brigitte Bardot. L’actrice activiste fait partie des personnalités françaises les plus connues au niveau national et international. Réputée pour ses frasques, elle est surtout liée à la protection animale et à ses propos parfois choquants. Pour cet écologiste né, Bernard Anton considère que BB est un genre de déesse guerrière, prête à se battre pour défendre ceux qui ne peuvent pas parler : les animaux.
Dans ses Lauriers pour l’Ukraine, l’auteur dénonce la barbarie humaine qui impacte une planète en souffrance. Pour ces deux œuvres, Anton dévoile et assume sa maîtrise du haïku. Ce poème à la forme courte et brève est originaire du Japon. L’artiste s’imprègne souvent des philosophies orientales, et plus particulièrement la sphère zen et des préceptes appartenant au taoïsme… Dans chaque livre de Ben, la poésie n’est jamais très loin, même s’il rédige en prose. Récemment, il a aussi présenté un recueil de nouvelles intitulé La Muse.
Dans les Lauriers pour l’Ukraine, l’écrivain prend position dans la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie. D’emblée, il s’engage du côté du président ukrainien, en dénonçant les crimes atroces commis par Vladimir Poutine. Il salue également le courage des Ukrainiens.
La majeure partie du livre est consacrée à la volonté de résister contre l’ennemi, représenté de manière monstrueuse. Pour Anton, il n’est pas question de blâmer les peuples, mais plutôt les dirigeants qui les agitent comme des pantins. Parmi les messages humanistes de l’écrivain, Bernard Anton assume farouchement ses positions quant au matérialisme et consumérisme. Pour cet anticapitaliste convaincu, il est important de trouver un équilibre et de se détacher des biens physiques. Cet aspect très lié à la doctrine bouddhiste revient souvent dans ses œuvres.
Au sein de ce livre très rapide à lire, tous les passages détaillant l’horreur de la guerre brisent le cœur. L’ambiance y est donc apocalyptique. L’auteur met des mots sur des réalités qui dérangent. La cruauté humaine n’est pas un mythe : elle réussit à se frayer un chemin n’importe où, n’importe quand. Elle peut frapper à tout instant. C’est également ça, la magie d’un texte : parvenir à formuler des évidences face auxquelles les gens préfèrent fermer les yeux… Mais Bernard Anton ne se contente pas seulement d’écrire à propos de ce sujet précis. Il inclut d’autres créations, sous la forme d’une compilation de haïkus plus large avec des thématiques qui lui sont chères comme son combat pour la protection des animaux et la célébration de la nature : « Vent d’automne — une feuille-grenouille — sautille devant ma porte. »
Pour ce poète installé au Québec, il est important de s’émerveiller face aux beautés de son environnement. Cet état d’esprit fait vraiment partie de sa « patte personnelle », qui s’infiltre dans tous ses travaux.
Cet ouvrage hors du commun est disponible dans la branche « Les Impliqués Éditeurs » chez l’Harmattan. Pour une lecture unique et méditative, un instant d’évasion parfois dérangeant qui fait réfléchir sur un monde qui mute, de plus en plus. Jusqu’où ira-t-il ? À quoi ressemblera demain ? N’est-il pas urgent, voire essentiel, d’aider les siens et de révéler le meilleur de soi ?
Bernard Anton livre une œuvre pacifiste et complète, aux passages profondément bouleversants. Pour cet écrivain, auteur d’une cinquantaine de livres tous plus différents les uns des autres, il est impossible de se taire. Dans cet univers bien à lui, l’artiste puise dans son amour pour le haïku. Ce style qui sublime l’éphémère se range ici au service d’une dénonciation. Cet ouvrage parlera surtout aux personnes qui sont sensibles à la poésie revisitée. De plus, sa forme courte et brève donne l’occasion de s’échapper partout : un recueil facile à emporter avec soi et qui marque au fer. Les lauriers pour l’Ukraine forment un ensemble bien mis en page et finement divisé, qui permet d’avoir un aperçu global des inspirations majeures de Bernard Anton. C’est donc une œuvre très représentative de ce que cet auteur installé à Montréal peut produire. Toujours habité par une pensée positive, tournée vers les Autres — Monsieur Anton propose un travail accompli, qu’il importe de contempler avec un œil ouvert sur le monde et ses problèmes urgents.